2,89 milliards de dollars de chiffre d’affaire, employant plus de 4700 avocats venant de 60 pays et parlant plus de 75 langues, troisième rang mondial des cabinets d’avocats d’affaires, plus grand cabinet international en Asie, avec 16 bureaux et en Amérique du sud avec 15 bureaux, Baker McKenzie qui fête ses soixante ans de développement continue cette année à accompagner les puissances, ou du moins ceux qui aspirent à la puissance économique.
Christine Lagarde a été la première femme et personnalité non-américaine à présider Baker McKenzie, une expérience qui a pesé sur son choix comme ministre l’Économie et des Finances sous la présidence de Nicolas Sarkozy, en France et comme Directrice Générale du fonds monétaire international « FMI » institution pour laquelle la RDC a signé un partenariat avec le cabinet McKenzie pour mobiliser les financements innovants au profit du pays.
Parce que dans la vie tout n’est pas que politique et parce que le bien-être de la population passe avant tout, le Président de la République Félix Tshisekedi, à la recherche des financements innovants dans le cadre du programme multisectoriel d’urgence, a appelé le Gouvernement lors de la 31ième réunion du Conseil des ministres du vendredi 15 mai 2020, à passer à la concrétisation de la décision de la 30ième réunion du Conseil des Ministres qui avait demandé l’accompagnement du Cabinet McKenzie. Le programme multisectoriel d’urgence présenté lors du 30ième conseil des ministres, étalé sur neuf mois a aussi besoin d’un financement de 50 millions des dollars par mois pour l’atténuation des impacts de la Covid 19 en République démocratique du Congo.
Conseiller et non Lobbyiste
« Voici les honoraires du cabinet Baker McKenzie pour conseiller Kinshasa, et plus précisément le ministre Sele Yalaghuli, dans ses discussions avec le FMI (au moins 1,3 million de dollars), » lit-on dans le compte tweeter de Olivier Liffran, journaliste à AfricaIntelligence. Pour rajouter une dose à la confusion que le Tweet d’Olivier Liffran sème dans l’opinion, parce qu’en RDC tout et même les grandes résolutions importantes pour le bien-être des congolais peuvent être tournées en dérision pour des raisons dont seuls les auteurs maitrisent les contours, certains médias n’ont pas hésité à parler du lobbying, parlant de l’accord Conseil RDC- Baker McKenzie.
Bien qu’ailleurs, en Europe ou aux USA la pratique du Lobbying se montre de plus en plus décomplexé, en RDC les méthodes des lobbyistes sont considérés souvent à tort comme des méthodes peu orthodoxes. A Bruxelles, l’art de persuader les décideurs, générerait chaque année environ 1 milliard d’euros de facturations diverses et variées, selon les estimations de l’ONG Corporate Europe. Une vingtaine de fleurons industriels français déclarent dépenser à Washington, entre les lobbyistes maison, les avocats de l’influence, les associations “diplomatiques”, l’équivalent de 0,03 % de leur chiffre d’affaires. Une telle proportion, appliquée à l’ensemble du CAC 40, la bourse française et à la totalité de son business, ferait monter le poste “dépenses de lobbying” à environ 400 millions d’euros. Un montant important mais le retour sur investissement en vaut la peine.
Confirmé, chiffres à l’appui par une étude de l’université du Kansas, les dépenses de lobbying engagées pour obtenir du Congrès les adoucissement sur fiscaux de l’American Jobs Creation Act, a affiché à l’époque une rentabilité de 21 900 %. Autrement dit, 1 dollar déboursé en fait économiser 220. La profession a de beaux jours devant elle selon plusieurs spécialistes. Et elle le sait fort bien. Le métier, aux contours voulu flous dans le passé, est aujourd’hui reconnu sur la place publique et la matière est aujourd’hui enseignée dans de nombreuses grandes écoles, Sciences Po-Paris en tête. Et la carrière commence à faire rêver la future élite mondiale.
De négociations à la signature de l’accord RDC-McKenzie
D’après des sources recoupées, tout est parti de la sollicitation de Baker McKenzie par le Cabinet du Président de la République, pour établir une radioscopie de l’économie congolaise en vue de proposer un Plan d’intervention adapté pour la relance économique.
« En septembre 2019, lors de son passage à New-York à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU, le Chef de l’État a pu s’entretenir avec les responsables de McKenzie dans le but d’approfondir les échanges sur les orientations fondées sur les attentes de l’État congolais par rapport à cette collaboration ». Selon une source. Un mois plus tard, le projet du programme y relatif sera proposé par McKenzie et transmis à la Présidence de la République. Il était fondé sur une nouvelle approche d’appréhender les goulots d’étranglement qui minent le redressement économique et l’harmonisation des relations avec les partenaires bi et multilatéraux de la Rd Congo. Rapporte la même source.
Dans la perspective de formaliser la collaboration avec l’État, au-delà de la Présidence de la République, le Gouvernement sera impliqué dans cette démarche pour approfondir les discussions techniques avec McKenzie. Cet exercice sera donc confié à la Primature et au ministère des Finances par le Président de la République.
À l’issue du travail technique qui s’en est suivi, un engagement avait été conclu avec la firme Baker McKenzie sous la supervision du président de la République et du chef du Gouvernement, et dont le premier livrable serait la production d’une feuille de route sur les réformes clés à entreprendre.
Une collaboration à divers avantages
Selon des sources proches du dossier, la proposition de contrat faite par McKenzie consistait à apporter une assistance au Cabinet du chef de l’État congolais dans le cadre de l’élaboration d’une feuille de route de reformes sur les transformations économiques. À cela s’ajoutent le conseil souverain et le mandat. L’option définitive coulée dans le contrat stipule : « la formulation des réformes économiques et de la recherche des financements innovants pour l’économie nationale. »
En effet, le PMUAIC qui a pour objectif de limiter la détérioration du bien-être social et de servir de balise à la relance économique nécessite une mobilisation des fonds évalués à 2,6 milliards USD pour sa mise en œuvre étalée sur une période de neuf mois.
Il a été conçu pour financer des mesures et/ou actions d’urgence structurées en trois axes, à savoir : 15% (soit, 391 593 300 USD) pour la riposte sanitaire ; 41% (soit, 1 070 355 020 USD) pour l’atténuation des effets sur le cadre macroéconomique et le soutien à la relance des secteurs productifs ; et 44% (soit, 1 148 673 680 USD) pour la préservation des conditions de vie de la population pendant cette période de crise. D’après le document officiel, environ 20% du financement global (soit, 522,1 millions USD) devrait être pris en charge par l’État, 23% (soit 600,4 millions USD) à identifier auprès des bailleurs et 57% (environ 1,5 milliards USD) la partie à rechercher.
Si, au regard de cette répartition, environ 80% de fonds sont à mobiliser à l’international, cette tâche sera accomplie, conformément aux termes du contrat, avec l’accompagnement de McKenzie. Bien plus, d’autres réformes économiques devront être définies grâce à l’appui de ce cabinet de notoriété internationale.
Il s’agit des reformes qui touchent le domaine de la lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux. Là sont, les deux livrables que Baker McKenzie est appelé à fournir, à terme, au Chef de l’État, Félix Antoine Tshisekedi et au Gouvernement Ilunkamba.
Institution d’une commission de suivi bipartite
Des sources proches du dossier révèlent aux défis congolais, qu’une Commission chargée du suivi de l’exécution du contrat signé entre McKenzie et la Rd Congo a été créée par le directeur du Cabinet ai., Eberande Kolongele, professeur de droit, sous le leadership du chef de l’État lui-même. L’activation de de ladite commission a formalisé le groupe ayant pris part aux travaux préparatoires à la formalisation dudit partenariat.
Autant la Présidence de la République a délégué ses représentants pour la mise en œuvre efficace du contrat sus-évoqué, autant le Gouvernement, à travers la Primature, le ministère du Plan et le ministère des Finances ont désignés, chacun, deux membres.
Plusieurs analystes ont rapporté à notre rédaction que la responsabilité de veiller à une meilleure exécution de ce contrat incombe à cette bipartite qui devra, in fine, rendre compte au peuple sur les différentes séquences des mises en œuvres.
« En considérant que le pilotage du suivi est assuré par la Présidence de la République, il est impérieux que, dans ce contexte de polémique, une communication soit faite pour rassurer le peuple congolais de la régularité de ce contrat et du suivi étroit de son exécution. Pourquoi ne pas instaurer des rapports périodiques sur l’état d’avancement ? », s’est interrogé auprès de nos confrères de zoom éco, un citoyen préoccupé.
La communication permet de créer et de cimenter la cohésion nationale, autour du partenariat RDC-Mckenzie, vitale pour l’économie congolaise, elle permettra de dissoudre le malentendu et éviterait aux adeptes du positionnement à tout prix d’attribuer la paternité exclusive du partenariat à certains membres du Gouvernement dont Sele Yalaghuli, Ministre des Finances alors que l’initiative vient du chef de l’Etat dans sa volonté de mobiliser les ressources nécessaires à la matérialisation du programme prioritaire. Il sera impérieux pour le Président de la République, qui a déjà lancé des signaux positives en matière de lutte contre la corruption, de veiller avec l’ensemble des parties prenantes à la bonne orientation des fonds qui seront mobilisés grâce au partenariat RDC-Baker Mckenzie.
Cette démarche aura l’avantage de prévenir les détournements des deniers publics ou leur réaffectation à d’autres tâches de consommation plutôt que soutenir la relance économique. Il est important de souligner que plusieurs sources confirment que McKenzie a trouvé la RDC très avancée dans son processus de renforcement des relations avec les institutions de Bretton Woods dont le Fonds monétaire international (FMI) qui a décaissé à deux reprises, des financements au titre de la Facilité rapide de crédit (FRC) en faveur du Gouvernement. Cela vaut également pour la mise sur pied de mesures dans le cadre du plan de relance de l’économie nationale.
Ruth Ngwanza