Déclaration de Kisangani : Entre les lignes, l’« EGO » ne portera plus les mallettes

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Par Simon Kiaka


Il s’est tenu à Kisangani, berceau du nationalisme congolais, du 27 au 30 Décembre 2022, un forum sur l’unité, la paix, la cohésion et le développement de l’espace Grande Orientale, d’où est sorti une volonté claire de cet espace, d’offrir à la Nation une ou un de ses enfants à la magistrature suprême.

« Considérant que la situation périlleuse de l’espace Grande Orientale est la conséquence de la faiblesse de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national en général, et de l’espace Grande Orientale en particulier », c’est par cette considération que les participants du Forum de l’unité de la grande province orientale ont rappelé leur responsabilité patriotique et historique devant Dieu et vis-à-vis des congolais, sans distinction d’origines quelconques, dans sa pénible marche de construction d’un État grand, prospère et plus beau qu’avant, pour appeler sous la facilitation de l’archevêque de Kisangani, Monseigneur Utembi, à la candidature d’un (une) digne fils (fille) de cette espace à la magistrature suprême.
Et de poursuivre,
« L’espace Grande Orientale appelle ses filles et ses fils à s’enrôler massivement en prévision des prochaines élections et les encourage à postuler à ces élections à tous les niveaux y compris à la magistrature suprême » .

Selon plusieurs observateurs de la politique congolaise, cette candidature à la magistrature suprême reste 《Un secret de polichinelle》.

A kisangani, des noms ont circulé et un nom est revenu plusieurs fois dans les coulisses du Forum qui s’est tenu à l’espace du restaurant la « Fourchette », Corneille Nangaa, ancien Président de la CENI semble faire l’unanimité pour porter cette candidature grande orientale, à la magistrature suprême. Rien n’est dit officiellement, l’intéressé lui-même n’a fait aucune affirmation dans le sens de confirmer sa candidature à la Présidence de la République, malgré les efforts de notre rédaction à lui tirer les vers du nez.

Plusieurs observateurs confirment néanmoins que les séquences et le dispositif présidentiel à Kisangani, autour de Corneille Nangaa ont clairement révélé le schéma du Top Job qui se dessinait après Kisangani.
Cortège, dispositif policière mêlée à une ceinture de sécurité privée et militante au bord du fleuve Congo, à l’Hôtel Kimbembe où il avait établi ses quartiers au côté d’autres leaders de la grande orientale comme Thomas Lubanga ou Odette Babandoa, Corneille Nangaa a consulté sans aucun doute, affirment des sources sûres, pour construire l’attelage de l’état-major qui devrait piloter sa candidature aux prochaines élections.

Sous une paillotte de circonstance, au grognement des rapides du puissant fleuve Congo, Kisangani capitale martyre de la Grande orientale, a fait de la place à Corneille Nangaa pour consulter la classe politique, les leaders de la société civile et de l’église ainsi qu’une jeunesse qui a affichée clairement son ambition de porter cet espace, au sommet du leadership national. « C’est clair, l’option de la candidature Grande orientale à la présidence de la République est déjà levée et pour beaucoup, Nangaa est une option sérieuse qui sera certainement entérinée dans les jours à venir » a déclaré un député national participant au forum.


*Top Job Grande Orientale, une ambition légitime ?*

Plus vaste espace de la République Démocratique du Congo avec plus ou moins 523.000 km2, mais également le plus peuplé. Le peuple de la Grande Orientale, au-delà de quelques exceptions qui ont servies des individus plutôt que la Nation, n’a jamais ménagé ses efforts pour accompagner les institutions dans l’avènement d’un Congo émergent. Le dernier engagement de l’ « EGO » était sa mobilisation sans atermoiement à l’Union Sacrée de la Nation, l’idée portée à bras le corps par le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, garant de l’unité nationale pour redresser le Congo.

Odette Babandoa, ancien ministre des Transports et voies des communications avait conduit une forte délégation de cet espace auprès du chef de l’Etat lors des consultations ainsi que chez l’informateur Modeste Bahati Lukwebo, aujourd’hui Président du Sénat. Les participants au forum de Kisangani ont malheureusement constaté la faible représentativité des filles et fils de la Grande orientale dans les institutions nationales malgré leur engagement au service de la Nation.


*Une importance stratégique qui la place en première ligne de front*

Sans aucun doute, la Grande Orientale est d’une importance stratégique, certaine pour le Congo, d’abord par le fait qu’elle partage ses frontières avec 3 pays de la sous–région, à savoir le Sud Soudan, la République Centrafricaine et l’Ouganda sans oublié le Rwanda qui fait frontière avec le Kivu, mais aussi par le fait qu’elle s’étend sur deux bassins hydrographiques du fleuve Congo et du fleuve Nil, englobant en même temps les grandes communautés Swahiliphones et lingalaphones.

Au regard de son potentiel économique reconnu, cette province était considérée dans le temps, comme le troisième pool de développement du pays mais qui n’a pas pu démarrer suite à des multiples troubles politiques, différentes rébellions et guerres à répétitions qui ont frappés le pays depuis son accession à l’Indépendance jusqu’à ce jour. La Grande Orientale a connu successivement, les guerres des nationalistes en 1961, les mulelistes en 1964, les mercenaires Diabos 1964- 1965, l’AFDL 1997, la guerre de 6 jours qui avait opposée les armées ougandaises et rwandaises en pleine ville de Kisangani en 2000 et aujourd’hui l’insécurité que les envahisseurs venus des pays limitrophes causent et qui maintient la grande orientale en position de martyre.

La République a souvent eu besoin de meilleurs et dignes filles et fils de ce coin du pays pour son fonctionnement. Le général d’armée Singa Boyenge, héros de guerre a combattu la sécession du Katanga en 1963 et la rébellion des troupes de l’Est un an plus tard, il combat contre Jean Schramme au Kivu et dans la Province Orientale. Après la guerre des 80 jours où il réussit à repousser les envahisseurs du territoire Zairois, il fut nommé gouverneur militaire du Shaba, l’ex Grand Katanga.

Général d’armées, Likulia Bolongo Norbert, membre d’honneur de la Cour Suprême de justice militaire des Etats-Unis, membre de la Cour d’appel de Washington DC, il a été notamment patron de la sureté de l’Etat, ministre de la défense et dernier Premier ministre du maréchal Mobutu qui a assuré une entrée en douceur des troupes de l’AFDL à Kinshasa pour mettre un terme à plusieurs décennies de dictature en RDC.

Jacques Mozagba plusieurs fois ministre important du dispositif Mobutu. Les brillants généraux Yossa et Médard Unyon ou encore Bernard Kasusula, représentant la société civile de la province Orientale à la Conférence nationale souveraine où il fera trembler le Président Mobutu avant d’occuper plus tard le poste de Vice-premier ministre, ministre de l’intérieur et affaires coutumières.

Dans cette lignée, vous avez de plus jeunes noms comme Mamadou Ndala, Colonel, héros de guerre qui n’a eu droit qu’à un hommage timide de la Nation, Odette Babandoa que les cheminots de la Grande orientale, appellent affectueusement Jeanne-d’Arc fut à 33 ans première femme PDG d’une entreprise publique ( chemins de fer des Uélé) qu’elle a ressuscité d’une mort certaine, première femme à occuper un ministère aussi technique que celui des transports et voies de communication avec 13 entreprises importantes sous sa tutelle où elle marquera son passage d’un bilan positif avant de passer à la Banque mondiale comme experte en matière d’infrastructures et d’être désignée par la RDC pour siéger comme Administrateur puis Présidente du Conseil d’Administration de la Société Internationale de l’Energie du grand Lac « SINELAC ».

Corneille Nangaa le dernier nom de la Grande Orientale qui a marqué son empreinte au pays, à travers l’organisations des élections qui ont permises la première passation pacifique du pouvoir au sommet de l’Etat entre deux camps farouchement opposés. Aujourd’hui totalement investi dans un projet d’agrobusiness avec la fondation qui porte son nom, l’ancien Président de la CENI a lancé un programme de démocratisation de la nourriture en RDC.

Certains analystes pensent que la province orientale a souvent été orientée ailleurs que là où se prennent les décisions sur les contours des vrais enjeux de la RDC. C’est pour cela qu’elle sort souvent dindon de la farce malgré certaines exceptions. Au regard de différents parcours dans l’action publique de ceux de la grande orientale qui ont laissés des traces positives en RDC et qui ont laissés le pouvoir sans richesse à l’exception de ceux qui ont servis les individus, il n’est pas exagéré de dire que ce qui semble être aujourd’hui un refus des ressortissants de cet espace, de porter les mallettes est légitime.

Révoltés par l’effroyable délabrement des infrastructures de base dans leur espace et dans toute la RDC, l’exploitation anarchique des ressources naturelles entraînant une destruction sauvage de l’environnement et des écosystèmes à l’origine du chômage endémique et la misère généralisée et galopante des populations, exigeant le besoin d’une synergie de toutes les forces provinciales et au regard de leur engagement nationaliste, les filles et fils de la Grande Orientale ont affiché au sortir de ce forum, une certaine espérance en cette nouvelle dynamique, pour apporter des solutions adéquates aux problèmes des congolais.

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