« J’ai fait part le 5 mars dernier à toute la Nation de ma volonté, bien que la nouvelle Constitution m’y autorise, de ne pas faire acte de candidature et de passer la main à une nouvelle génération. Depuis cette décision, j’avais commencé à organiser mon départ […] et planifier ma vie après la présidence. (Mais) le décès du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly laisse un vide. Le calendrier très serré, à peine à trois mois de la présidentielle, les défis auxquels nous sommes confrontés, le maintien de la paix et la sécurité, la crise sanitaire du coronavirus, le risque que tous nos acquis soient compromis, tout cela m’amène à reconsidérer ma position », a justifié Alassane Ouattara, avant d’annoncer sa candidature.
« Cette décision mûrement réfléchie est un devoir que j’accepte dans l’intérêt supérieur de la nation. Compte tenu de l’importance que j’accorde à mes engagements et à la parole donnée, cette décision représente un vrai sacrifice pour moi, que j’assume pleinement par amour pour mon pays », a-t-il affirmé à la télévision nationale profitant de son message pour les 60 ans de l’indépendance de la côte d’ivoire.
Le Président Ouattara victime, dans le passé, de la tentation d’éternité présidentielle de ses prédécesseurs n’a pas su résister lui-même à celle-ci.
Le Président ivoirien, Alassane Ouattara avait annoncé devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès à Yamoussoukro sa volonté de prendre sa retraite politique définitive, et son intention de passer le flambeau à la nouvelle génération. Quelques jours après cette annonce, Alassane Ouattara qui veut lier la parole à l’acte désigne Amadou Gon Coulibaly, son premier ministre comme candidat du RHDP unifié, son parti politique, à l’élection présidentielle de 2020.
Le Président français Emmanuel Macron avait alors salué cette décision du chef de l’Etat ivoirien à travers un tweet : « Je salue la décision historique du président Alassane Ouattara, homme de parole et homme d’État, de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle. Ce soir, la Côte d’Ivoire donne l’exemple. »
Lorsque son candidat et Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly succombe d’un malaise cardiaque après deux mois de soins intensifs en France, le Conseil politique du parti présidentiel du 29 juillet appel le Président ivoirien à revenir sur sa décision et à se porter candidat pour le scrutin du 31 octobre prochain.
Huit jours après cette sollicitation, le Président Ouattara a profité de son adresse à la Nation pour annoncer sa volonté d’être candidat pour la prochaine présidentielle. Après cette annonce d’Alassane Ouattara, les réactions se sont aussitôt enchaînées aussi bien dans les rues d’Abidjan que sur les réseaux sociaux.
Une performance économique qui peut rester dans l’histoire
Au 30 juin 2019, selon une analyse comparée, les performances globales de l’économie de la Côte d’Ivoire depuis l’arrivée en 2011 du président Alassane Dramane Ouattara sont solides. Il est important de rappeler que dès 2012, la croissance du PIB s’est hissée à un peu plus de 11%. Sur les 9 dernières années, la croissance moyenne de cet indicateur est de 8%, une des plus fortes dans le monde.
La seule époque où la cote d’ivoire, leader de l’UEMOA, a connu une telle performance, c’était entre 1960 et 1978, quand il était surnommé « Le Miracle ivoirien », apprend-on d’une analyse pays effectuée par l’agence de notation Moody’s.
L’économie ivoirienne affiche une performance globale qui est solide, depuis qu’Alassane Ouattara, ancien directeur du FMI pour l’Afrique a pris les commandes du pays.
La croissance moyenne du PIB s’affiche à 8%, pour la période située entre 2011 et le 30 juin 2019. Dans le même temps, les finances publiques se sont améliorées, tout autant que la crédibilité auprès des bailleurs de fonds internationaux. Aujourd’hui si Ouattara arrive à éviter le chaos à son pays, son successeur pourra partir d’un bon héritage pour faire profiter au bon nombre d’Ivoiriens qui espèrent un changement profond dans leurs quotidiens, du succès macroéconomique commencé par son prédécesseur.
Critiques en Côte d’Ivoire contre un troisième mandat Ouattara
Après l’annonce de sa candidature pour un troisième mandat au scrutin du 31 octobre 2020, le Président ivoirien Alassane Ouattara, essuie depuis le vendredi dernier, une tempête de critiques de l’opposition et de la société civile, jugeant sa candidature illégale et dangereuse pour la paix.
« Alassane Ouattara ne peut en aucun cas se présenter. Ses propres experts l’ont dit », a déclaré à l’Agence France Presse Assoa Adou, secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI), l’un des deux plus importants partis d’opposition, évoquant la constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels.
Pour N’Goran Djédri, membre du bureau politique du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, principale formation d’opposition), “M. Ouattara n’est pas au-dessus des lois”. « Nous sommes en face d’un projet de coup d’Etat civil (…) une violation grave de la Loi fondamentale », a jugé Moussa Touré, directeur de la communication de Guillaume Soro, l’ex-Président de l’Assemblée nationale et ancien allié du président Ouattara, passé à l’opposition, exilé en France, privé de ses droits civiques et néanmoins candidat à la présidentielle “Sa décision de briguer un troisième mandat nous ramène dix ans en arrière et risque de replonger la Côte d’Ivoire dans une période d’effroi, de division et de chaos”, a-t-il ajouté, évoquant la crise post-électorale de 2010-11 qui a fait 3.000 morts.
Les réactions les plus virulentes sont venues de la société civile « Allez-vous sacrifier tout ce que vous avez bâti pour vous classer du mauvais côté de l’histoire ? », s’est interrogé sur les réseaux sociaux Meyway, star de la musique ivoirienne.
A situation presque similaire réponse différente
Joseph Kabila est arrivé au pouvoir après l’assassinat de son père, Laurent-Désiré Kabila le 16 janvier 2011. Il est investi président de la RDC, 10 jours après l’assassinat de son père et hérite d’un pays en guerre avec des forces rebelles appuyées par des États voisins, un pays dépourvu d’une administration opérante et des services de base pour la population, et dont l’économie est en ruine. Peu connu du grand public, le nouveau chef de l’État crée la surprise en modifiant l’orientation politique du pays. Moins d’une semaine après son entrée en fonction, il effectue son premier déplacement officiel à l’étranger.
Dans l’impératif de remettre son pays sur les rails du développement, Joseph Kabila rencontre ainsi les chefs des gouvernements français et belge, puis se rend aux États-Unis, où il s’entretient avec le secrétaire d’État Colin Powell ainsi qu’avec les représentants de la Banque mondiale, du FMI et des Nations unies. Durant cette escale américaine, il rencontre également le président rwandais Paul Kagame, qui était devenu après l’avoir soutenu, le principal opposant au régime de Kinshasa.
Parce que le développement passe par la paix, Joseph Kabila lors d’une visite officielle en Zambie en février 2001, accepte de faire appliquer l’accord de cessez-le-feu signé en juillet 1999 mais jamais observé. Il négocie également avec les groupes rebelles, les accords de Sun city qui déboucheront à une cogestion du pays dans une formule inédite, le 1+4 puis au premières élections depuis 40 ans qui porteront le fils de Mzé à la Présidence de la République.
Bien que les élections de 2006 n’apportent pas la paix sur toute l’étendue du territoire nationale, elles relancent, néanmoins, la RDC sur les rails de la démocratie gage d’une paix durable.
Les incursions permanentes des armées des pays voisins, aux rebellions et pillages à répétition des richesses congolaise ainsi que le terrorisme à l’est du pays sont les boulets qui ralentissent l’impulsion au développement souhaitée par joseph Kabila, nouveau mettre du Congo.
Dans ses différents mandats Joseph Kabila sera butté aux incursions des armées des pays voisins, aux rebellions et pillages à répétition des richesses congolaises et même aux actes de terrorisme sur les populations. Bien que confronté aux poches d’insécurités à travers le territoire national, Joseph Kabila, tourné vers la chine réussira à lancer des grands chantiers grâce aux contrats infrastructures contre minerais avec ses partenaires chinois.
Son engagement pour l’avènement d’un Congo nouveau sera plombé par une corruption généralisée qui faisait perdre à la RDC, selon plusieurs rapports, plus de 15 milliards des dollars américains, trois fois son budget, chaque année.
A 46 ans joseph Kabila qui avait encore la santé, la forme, le soutien de l’une des armées les plus puissantes d’Afrique, la réunification de la RDC ainsi que ses réalisations sur le plan d’infrastructures et d’élections pour revendiquer et faire intervenir les tacticiens pour un troisième mandat, évite sans état d’âme la tentation de l’éternité Présidentielle en désignant son dauphin à la Présidence de la République. Et malgré la résistance des caciques militaires comme politiques de son entourage a accepté la défaite aux élections du dauphin de Joseph Kabila, ce dernier acceptera sans rechigner les résultats sortis des urnes faisant de Félix Tshisekedi, fils de l’opposant historique Etienne Tshisekedi le cinquième Président de la République démocratique du Congo.
La position de joseph Kabila fera vivre à la RDC sa première passation pacifique et civilisée du pouvoir en permettant ainsi à Félix Tshisekedi, son successeur de continuer l’œuvre de la reconstruction à travers notamment la lutte contre la corruption qui fait perdre plusieurs milliards des dollars aux caisses de l’Etat.
Le mandat en vaut un retour à la case départ ?
La situation se tend de plus en plus depuis l’annonce par Alassane Ouattara de sa candidature pour un troisième mandat à la présidentielles, dix ans après la crise née de la présidentielle de 2010, qui avait fait 3 000 morts et vu Alassane Ouattara accéder au pouvoir.
Au moins quatre morts en cote d’ivoire, dans les violences du 12 et 13 août, liées à la candidature controversée à un troisième mandat du président Alassane Ouattara. L’opposition et des membres de la société civile avaient appelé à manifester jeudi, alors que les autorités avaient interdit tout rassemblement pour non-respect « des procédures appropriées ».
A Bonoua (sud-est), fief de l’ex-première dame Simone Gbagbo, un jeune homme de 18 ans a été tué dans les heurts avec les forces de l’ordre, a annoncé à l’AFP Jean-Paul Améthier, le maire de la ville. « Le commissariat de Bonoua a été saccagé par les manifestants en colère », a témoigné Hervé Niamkey, un habitant.
La situation est encore tendue dans cette ville traversée par la voie internationale qui relie Abidjan au Ghana alors qu’on a enregistré des morts à Daoukro fief de l’ancien Président Henri Konan Bédié, tués dans des affrontements avec les jeunes favorables au président Ouattara.
Dans le quartier populaire de Yopougon, des affrontements entre policiers et manifestants ont paralysé la circulation. A Port-Bouët, quartier donnant sur la mer et abritant le port et l’aéroport d’Abidjan, des dizaines de manifestants ont bloqué la voie principale, certains brandissant des pancartes « ADO dégage ! » (en référence aux initiales du président Alassane Dramane Ouattara). Dans le quartier chic de Cocody, les forces anti-émeute avaient été déployées en grand nombre. Les policiers y ont interpellé un groupe de femmes chantant L’Abidjanaise, l’hymne national. Le décor se plante aujourd’hui pour un chaos demain en côte d’ivoire alors que le pays était déjà placé sur les rails de la stabilité après le chaos de 2010.
Ruth Ngwanza