Dans un discours ferme avec une intonation de la voix en harmonie avec son expression faciale déterminée, la gestuelle et l’état d’esprit martial, le Président de la République, Félix Tshisekedi Tshilombo, a pris le dimanche 6 décembre 2020 au cours d’une prestation radio-télévisée, à l’issue des consultations qu’il avait initiées, rendez-vous avec les congolais pour une gestion qui devrait donner un avenir à la RDC et un bilan au mandat de celui qui porte la vision du peuple d’abord.
« J’ai ressenti l’immense douleur, doublée de révolte, de mes compatriotes face à la situation d’instabilité et de guerre larvée qui perdure dans une partie du pays ; j’ai été anéanti par les témoignages renouvelés des victimes d’atrocités ; j’ai mesuré la soif exprimée par tous, d’une démocratie exemplaire et d’un véritable État de droit; j’ai compris que notre peuple et la majorité de ses élites, ne supportent plus d’être pris en otage par le cancer de la corruption, des traitements discriminatoires, des discours creux et démagogiques ; J’ai ressenti la lassitude de nombreux d’entre vous, toujours plus impatients de voir des résultats concrets sur le front socioéconomique, changer leur quotidien et celui de leurs enfants. J’ai pris bonne note des attentes précises de chaque catégorie consultée » le Chef de l’Etat avait résumé à travers un discours de six minutes à la télévision nationale, l’état d’esprit qui l’animait à 3 ans de la fin de son premier mandat, avant de convoquer les consultations nationales.
«Je ne laisserai aucun arrangement politique, de quelque nature que ce soit, primer sur mes prérogatives constitutionnelles et sur l’intérêt supérieur du peuple congolais. Je ne transigerai pas avec les intérêts supérieurs de la nation», avait prévenu Félix Tshisekedi d’un ton ferme.
Bemba, Katumbi, Bahati, Kengo, Babandoa, Mosengwo…, les anciens et généraux en fonctions, les secrétaires généraux et plusieurs autres personnalités politiques, majorité comme opposition, ainsi que celles de la société civile ont été consultées par le Président de la République qui ne voulait exclure personne de l’option levée, pour une union sacrée pour la Nation.
Felix Tshisekedi souhaite avoir une nouvelle coalition afin de mettre en place un gouvernement qui conduira son action durant le reste du quinquennat, suivant sa vision, celle du « peuple d’abord », dans le but de répondre aux aspirations des congolais.
Déchéance du Bureau Mabunda, le signe de la fin ?
À l’instar de plusieurs cadres du front commun pour le Congo, Le député national François Nzekuye avait réagi après la déchéance du bureau Mabunda. Pour ce cadre du PPRD, certains de ses collègues leur ont passé un message. Il faut, à son avis, une réorganisation de la plateforme « FCC » pour pouvoir gagner lors de l’élection de la succession Mabunda à l’Assemblée nationale.
« Nous avons perdu. Il y a certains de nos collègues avec qui nous avons cheminé ensemble depuis de longues années et qui ne veulent peut-être plus. Il y en a aussi, comme dans toute société, qui sont des mécontents et qui nous ont passé un message par ce vote. Nous allons en tenir compte et nous réorganiser pour gagner à nouveau lors des élections de nouveaux membres du bureau définitif. La plupart des députés qui ont fait tomber le bureau Mabunda sont du FCC. Nous allons travailler pour occuper à nouveau le bureau», il affirmait.
Mais pour le camp de Félix Tshisekedi et de ceux qui ont été consultés par le chef de l’Etat, la page de la domination FCC au parlement est une histoire ancienne. 484 députés sur 500 avaient pris part à la plénière qui a signé la procédure de démembrement du regroupement de Joseph Kabila. Toutes les têtes couronnées de l’ancienne majorité présidentielle dont Néhémie Mwilanya, coordonnateur du FCC, étaient présentes à cette plénière, dite de vérité.
Etat de la Nation, un discours qui confirme la fin du FCC-CACH
Au cours de son discours sur l’état de la nation, prononcé ce lundi 14 décembre devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès, le président Tshisekedi est revenu sur les raisons de son divorce avec le Front commun pour le Congo, dont son prédécesseur Joseph Kabila est l’autorité morale. Le Président de la République a réaffirmé sa détermination qui confirme la page tournée du FCC, à mettre en place un gouvernement qui réalisera sa vision dans le secteur politique, économique, social mais aussi sécuritaire. Il a passé en revue les multiples réalisations en cours pour aider l’armée et la police à bien sécuriser le pays et rétablir la paix et la sécurité en annonçant la création d’une école de guerre en RDC en 2021, fruit de la coopération entre la RDC et la France.
À en croire Félix-Antoine Tshisekedi, après les élections de 2018, la coalition FCC-CACH avait pour vocation non seulement de garantir une alternance pacifique et éviter à à la République Démocratique du Congo des conflits majeurs, mais aussi à servir de catalyseur pour que l’action du Gouvernement puisse mieux rencontrer les attentes de la population, avant de poursuivre que « Malheureusement, la réalité des faits que j’ai déployés, les sacrifices que j’ai consentis et les humiliations que j’ai tolérées, cela n’a pas suffi à faire fonctionner harmonieusement cette coalition ».
Dans la foulée, le chef de l’État a indiqué que la crise qui s’est créée à l’assemblée nationale et son dénouement démocratique exemplaire, à travers le traitement et le sort réservés à la pétition engagée par les députés de tous bords contre l’ancien bureau, constitue un indice sérieux de maturité politique.
Alain Kiaka