« Il est de plus en plus urgent que l’autorité urbaine se concentre sérieusement sur les grands travaux de construction de la ville afin de minimiser l’ampleur de telles catastrophes naturelles », avait déclaré le cardinal et archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo après la pluie qui a fait plus de 150 morts dans la capitale et plusieurs dégâts.
Des vies humaines fauchées, des maisons, des routes et plusieurs autres infrastructures détruites, faute des canalisations et d’une meilleure gestion urbanistique, la pluie du lundi 12 décembre 2022 a infligé à Kinshasa des dégâts dans toute la ville. Glissement des terrains, inondations de plus de 40.000 maisons et plus de 300 rasées par cette pluie dont les conséquences auraient pu être minimiser avec une meilleure gestion de la capitale.
Neuf corps allongés sur le sol après avoir été extraits des décombres, des membres d’une même famille, dont des jeunes enfants, tués dans l’effondrement de leur maison dans la commune de Ngaliema. Une des images désastreuses que Kinshasa a montré après la pluie du 12 décembre, révélant par la même occasion, les faiblesses graves dans la gestion de la ville, mégapole abritant plus de 15 millions d’âmes.
Utilisation des caniveaux comme dépôts d’immondices, constructions anarchiques, non respects des normes en vigueur sur l’habitat, les dirigeants de Kinshasa semblent être tétanisés, impuissant et en manque des solutions face à l’anarchie qui a élue domicile dans les chefs de certains compatriotes.
Ville de 500.000 habitants jadis, aujourd’hui Kinshasa abrite plus de 15 millions d’habitants, une situation qui devrait pousser les dirigeants de la ville a plus d’imaginations, comme c’est le cas pour d’autres grandes villes africaines, au lieu de se limiter aux interventions ponctuelles qui laissent plus l’impression d’un show politique que d’une action publique au service des kinois.
L’imagination face à l’avenir de Kinshasa
15 millions d’habitants et faisant toujours face à l’exode rurale, l’avenir de Kinshasa mérite une réflexion courageuse et plus d’imagination au lieu d’une politisation à outrance où l’action publique est de plus en plus minimisée au profit du militantisme politique. La capitale congolaise est butée au même problème que plusieurs autres grandes villes africaines mais où les dirigeants ont courageusement levé des options salvatrices à l’image de « Diamniallo » à 30 kilomètre de Dakar qui doit permettre de désengorger la capitale sénégalaise en accueillant les entreprises et institutions.
150 morts en une nuit, une addition très salée qui exige au numéro un de la ville de Kinshasa à plus de concentration et moins de théâtralisation de l’action publique afin de poser les bonnes questions pour apporter les meilleures réponses aux problèmes d’urbanisation dans la capitale, siège des institutions du pays.
Ingénieurs, techniciens des sociétés de construction turques, chinoises ou indiennes venues œuvrer à ce vaste projet lancé par l’Etat sénégalais en 2014, « Diamniallo » à une trentaine de kilomètres de Dakar, sur 1644 hectares, une ville créée de toutes pièces pour désengorger Dakar. Une zone urbaine moderne, ordonnée et durable, sorte de ville modèle, financée en bonne partie par des partenariats public-privé qui devrait inspirer les dirigeants de Kinshasa au lieu de sombrer dans une gestion folklorique de cette ville, l’une de plus peuplée de l’Afrique.
Deuil national, accompagnement financier pour l’enterrement, 150 morts c’est trop, l’addition est trop salée pour pérenniser l’immobilisme, l’incompétence et l’anarchie dans la gestion de Kinshasa. A l’heure des derniers hommages à nos concitoyens qui ne doivent pas être parti pour rien, cette situation doit interpeller le numéro un de la ville ainsi que les élus de Kinshasa pour que cesse le Folklore au profit d’une gestion rationnelle.
La Rédaction