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Impacts de la COVID-19 sur les ménages en RDC : Tina Salama donne les résultats des réalisations de la Présidence de la République

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À ce jour, la COVID-19 a fait plus de 337 cas de décès et plus de 13.280 personnes sont atteintes du virus à travers la RDC. La pandémie de COVID-19 n’est pas seulement la plus grande crise sanitaire mondiale, c’est aussi une crise humanitaire, socio-économique, de sécurité et des droits humains. Face à ses impacts négatifs, le Président de la République a pris une série des décisions d’encadrement à impact direct sur la population et l’économie.

Dans cette interview accordée à l’hebdomadaire “Les Défis-Congolais”, Tina Salama, porte-parole adjointe du Président de la République , en parle en détails.

LDC : On a assisté à une baisse considérable des revenus des ménages congolais pendant cette première vague de la pandémie. On parle de 57% des sondés qui ont vu de manière significative leur consommation d’eau et de nourriture diminuer. Quelles sont vos premières interprétations de ces résultats ?

TS : Tout d’abord je salue le travail fait par The Economist et Élan RDC ainsi que les autres partenaires qui sont descendus sur terrain pour apporter des données qui rendent concrète l’observation des impacts de la covid dans notre pays. Lorsqu’on regarde ces chiffres, c’est impressionnant de voir autant de ménages qui souffrent de l’impact de la covid et des entreprises qui en pâtissent par voie de conséquences. Cette situation pandémique est une crise à multiples impacts, qui a touché beaucoup de secteurs d’activité à l’échelle du monde, notamment économique, on voit des géants mondiaux fermés. Toutefois, j’admets qu’on ne peut pas se cacher derrière cette réalité parce que les problèmes du pays doivent trouver des solutions venant des dirigeants.


Autant que pour les autres pays du monde, en République Démocratique du Congo dès l’instant où le premier cas avait été détecté, nous avions mis en place des stratégies pour limiter, tant bien que mal, les conséquences de ce nouveau virus sur la santé publique. Une des conséquences de cette pandémie sur les emplois c’est qu’elle a bouleversé l’ordre professionnel imposant télétravail, services minimums, réduction des horaires professionnels, congés techniques sans solde, licenciements massifs suite à l’arrêt de la production des entreprises, versements tardifs des salaires ou encore accumulation des arriérés de salaires. Tous les travailleurs cherchent une deuxième source de revenus, ce qui n’est pas évident en cette période de crise. La mesure du confinement, quoique salutaire, avait révélé les fragilités de notre modèle économique national.
Au niveau de la présidence de la république nous avons relevé quatre impacts majeurs liés à la Covid :

  1. sanitaire, par le ralentissement de la prise en charge de certaines maladies endémiques en plus de la rareté des médicaments de traitements des maladies de longue durée telle que le paludisme, le diabète, hypertension, etc. jusqu’à 45% de difficulté d’accéder aux soins de santé,
  2. l’insécurité alimentaire, liée au faible niveau des réserves, la situation s’est aggravée comme conséquence des mesures de restrictions sanitaires,
  3. la réduction des revenus et pertes d’emplois dûe au ralentissement économique induit par l’arrêt des productions des entreprises,
  4. enfin l’insécurité au sens plus large où l’on a noté une aggravation de la situation sécuritaire dans les zones urbaines et périurbaines, particulièrement dans les zones en conflit où notamment il s’observe une augmentation du besoin en assistance humanitaire.

LDC : Un grand nombre de congolais en difficultés financières à cause de la crise COVID-19 déclarent ne pas savoir comment payer leur mensualité de dette. Avez-vous des pistes de solutions au niveau de la présidence de la république ou encore de l’assemblée nationale pour leur venir en aide ?

TS : Sans vouloir appliquer systématiquement ce qui se passe ailleurs, il demeure intéressant pour nous (la RDC) de voir de quelle manière d’autres pays ont fait face à cette crise. Dans notre cas, le Chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi avait décrété l’état d’urgence bien à temps, prenant toute la mesure du risque sanitaire. Malheureusement ce n’est pas sans conséquence, comme dans beaucoup de pays du monde cela a mis à l’arrêt notre activité économique. Décision univoque qui, du reste, était prise dans un contexte sans option de rechange. Toutes les économies du monde en souffrent encore aujourd’hui les unes plus durement que les autres et la RDC ne fait pas exception, qu’on ne s’y trompe pas. Ainsi en matière de mesure immédiate d’accompagnement, le Président de la République avait pris une série de décisions d’encadrement à impact direct sur la population et l’économie, telles que :


• le lancement du plan multisectoriel d’urgence d’atténuation des impacts de la COVID à hauteur de 2,6 milliards de dollars américains, chaque pays en a fait un;


• la création du Fonds de Solidarité, un mécanisme qui a vocation à récolter les aides, de la part des acteurs sociaux, pour appuyer l’effort de lutte contre les effets pervers de la pandémie et soutenir les agents économiques en besoin de financement;


• la levée de l’état d’urgence, pour permettre la relance de l’économie et sauver les entreprises;


• l’assouplissement des conditions d’accès au crédit FPI au taux nul pour les entrepreneurs;


• le projet CODIDIS, Programme alimentaire d’Urgence, un programme d’achat des produits alimentaires locaux pour une commercialisation publique à faible coût. La logistique militaire avait été mise à contribution, par cette initiative il a été possible de stabiliser tant soit peu les prix des denrées alimentaires au niveau d’avant la crise sanitaire;


• une décision du Conseil des Ministres initiant une démarche notamment du ministère de l’emploi et prévoyance sociale pour sensibiliser les entreprises à une action citoyenne à savoir : privilégier les congés techniques aux suppressions de postes;


• l’interdiction de déguerpissement des locataires pour défaut de paiement de loyer;


• la gratuité de 3 mois de consommation d’eau et d’électricité sur l’étendue de territoire, entre mars et juin 2020, etc.

Il est ainsi évident que l’arrivée de la deuxième vague de la COVID-19 impose à notre pays de capitaliser sur l’expérience acquise dans la gestion de la première vague et d’arriver à contenir les effets pervers à long terme, aussi bien sur la santé publique que l’économie. Cela étant dit, notre pays doit penser à mettre en place des systèmes de gestions efficaces et pérennes, que ça soit pour la santé ou même pour la communication publique en situation de crise notamment sanitaire, afin d’éliminer à terme, tous les risques organisationnels susceptibles de causer des pertes.

LDC : 89% des sondés estiment que la pandémie aura un impact à long terme sur leurs finances. Pensez-vous plutôt qu’un retour à la normale à court terme soit possible ?

TS : Pendant que le monde entier fait face à une deuxième vague et où le virus devient soit plus virulent, à court et moyen terme, il serait prétentieux de parler d’un retour à la normal tant les conséquences de la première vague sont encore ressenties. C’est la résilience de nos économies qui est mise à rude épreuve. On peut dire que “l’après COVID ne sera pas égal à l’avant COVID”. Aussi, nous ne devons pas perdre de vue le contexte de notre pays, un taux de chômage très élevé avec des ménages très vulnérables, 80% de la population évolue dans l’informel et 20% seulement dans le formel. L’État emploie à lui seul 40% des travailleurs dans le formel. Le reste se retrouve dans les entreprises privées, avec des niveaux de rémunérations très épars. Cette situation face au choc de la crise pandémique a par conséquent révélé les fragilités du tissu économique de notre pays.


C’est malheureusement cela la réalité aujourd’hui, notre pays ayant une économie extravertie, un système de santé publique faible et peu équipé face à des cas de pandémie ravageuse, il nous faut donc nous adapter, comme c’est le cas partout ailleurs. Je rappelle simplement que dans les pays occidentaux aussi il y a des économies qui s’effondrent.

LDC : Quelles sont les mesures que vous jugez indispensables à prendre pour les ménages congolais pour faire face à la seconde vague du Coronavirus ?

Ruth Ngwanza

TS : Tout d’abord, il faut que chacun d’entre nous se rappelle que le pain sans la santé ça ne sert à rien car la santé demeure la plus grande richesse. J’invite vivement nos compatriotes au respect des gestes barrières; c’est seulement en ayant une bonne santé qu’on peut sortir travailler pour gagner sa vie ou sa survie. La deuxième vague est bien réelle, le virus devient plus virulent, il est en train de muter et même les pays riches ont du mal à y faire face.
Au regard de cette situation, il appartient aux États africains de capitaliser sur ce contexte que je qualifie cyniquement de “providentiel” pour promouvoir les coopérations sous-régionales et régionales. Le Président Félix Tshisekedi prendra la présidence de l’Union Africaine en 2021, c’est une opportunité pour le continent que de capitaliser le fait de la faible contamination globale de nos populations. Un récent rapport de la Banque mondiale révèle que l’Afrique sera en récession, après plus de deux décennies de stabilité et de croissance. La perte économique globale est estimée à pas moins de 500 milliards de dollars américains. l’Afrique devra donc œuvrer pour la mise en place des nouveaux mécanismes de financement de ses projets de développement, augmenter les productions locales, renforcer les échanges, privilégier le commerce régional pour la relance post COVID à travers ses dispositifs politiques et économiques notamment UA, SADC, CEEAC, ZLECAF, et enfin stimuler la croissance en vue de sortir les plus défavorisés de la pauvreté.
Au niveau national, des mesures d’accompagnement doivent être envisagées, par exemple d’ouvrir et faciliter des opportunités de marchés pour les entreprises à travers l’investissement public, stimuler la croissance à travers la consommation intérieure, obtenir des banques commerciales ou des bailleurs des facilités de crédits pour les PME, PMI, voire plus encore en fonction des capacités.

Propos recueillis par Ruth Ngwanza

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