« Deux tiers de la population mondiale n’a toujours pas accès à une connexion rapide et bon marché, il reste beaucoup de chemin à parcourir dans ce domaine ». C’est par cette phrase que Mike Cassidy de Google présentait au monde entier le projet Loon dont le nom n’est autre que le diminutif de « balloon ». Alternative à la fibre optique ou à l’ADSL pour un pays à reliefs comme la République démocratique du Congo, le projet Loon a pour objectif de fournir un accès internet à chacun peu importe l’espace géographique dans lequel il se trouve. Pour vaincre les obstacles naturels Google a mis au point un système de ballons gonflés à l’hélium qui dérivent selon les responsables de ce géant du numérique, au gré des vents au niveau de la stratosphère (de 18km à 27km d’altitude) pour fournir un accès à internet aux personnes vivant dans les zones survolées.
Chaque ballon permettrait de connecter à Internet une zone de 1 200 kilomètres carrés, avec plusieurs centaines d’internautes connectés en même temps sur le même ballon. Il peut rester en l’air pendant une centaine de jours. Un ballon aérostat de Google projet Loon, qui vise à développer l’accès à l’Internet dans les zones les plus reculées de la planète, s’est écrasé le lundi 24 août 2020 vers 13h à côté d’un champ dans la localité Bulumakete, située à 6 km de la RN04 et à 5 km de la ville de Buta, dans la province du Bas-Uélé avait annoncé sur ses lignes le site Orientalinfo.net. Les paysans ont entendu un fort bruit du crash de l’engin, pris de panique, ils ont informé l’autorité compétente. Les éléments de la police, de la mairie ainsi que des services spécialisés ont été dépêchés sur place pour faire le constat.
Au-delà du crash, la chute du loon Google à buta, révèle la guerre que se livre les GAFA (Google Amazone Facebook Apple) sur le ciel et le sol de la République démocratique du Congo, 2.345.000 km2, 80 millions des consommateurs potentiels, grand marché de sa sous-région. Une source du ministère des postes téléphones et télécommunications a confié à notre rédaction que Google teste déjà depuis quelques années en RDC la possibilité de lancer internet gratuit à travers ses ballons « Loon » ainsi que des drones solaires pouvant rester plusieurs années au ciel.
Une autre source de l’Autorité des régulations des postes et télécommunications a révélé à notre rédaction la participation de Facebook LTD dans un partenariat avec les opérateurs des télécommunications congolaises, au déploiement du réseau à fibre optique en RDC, afin de faire de la RDC une opportunité d’investissement numérique pour les géants de la silicon Valley. En France, la question de la mise en place d’une taxe numérique, propre aux géants du web et autres activités numériques est à l’ordre du jour. En effet, ces grandes entreprises du numériques échappent à la taxe dans les pays où elles réalisent leur business. C’est légal mais c’est injuste car ces entreprises profitent de l’immatérialité des services rendus. Et c’est une concurrence déloyale, pour les acteurs locaux qui jouent le jeu et ne cherchent pas l’évasion fiscale.
Un chiffre, pour illustrer le propos. En 2017, Google n’a payé en France que 7 millions d’euros d’impôt… alors qu’il a transféré dans le même temps par les Pays-Bas plus de 20 milliards vers un paradis fiscal, les Bermudes. Google a récemment échappé à un redressement fiscal de 1,15 milliard d’euros. Le besoin de reprendre le contrôle sur la fiscalité numérique pousse certains Etats à mettre sur la table des discussions la question des taxes, qui marquera ainsi au-delà de la prise de conscience, un premier pas sur ce chemin. La RDC représente avec ses 80 millions des consommateurs l’avenir du numérique avait reconnu Aida Ndiaye représentante des politiques publiques de Facebook en Afrique Francophone lors de la cérémonie de présentation du plan numérique du Président de la République, Félix Tshisekedi à l’opinion. Au-delà des mots, les géants de la silicon valley sont passés à la vitesse supérieure en prenant une longueur d’avance sur l’Etat congolais.
Simon Kabeya