30 Juin 2020 : Félix Tshisekedi dessine son Congo

Choix de la rédaction

A l’occasion du 60ème anniversaire de l’accession de la République Démocratique du Congo à l’indépendance, le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a adressé un message au peuple congolais dans la nuit du 29 au 30 juin dernier. Le chef de l’Etat a fait tout d’abord une vue panoramique du combat de Joseph Kasa-vubu et de Patrice Emery Lumumba , en revisitant le parcours de la RDC sur les plans politique, économique et social.

Pour honorer le long combat du premier Président de la RDC, à l’époque État Indépendant du Congo, 51 ans après sa mort, le chef de l’Etat Félix Antoine Tshisekedi, a proposé l’élévation de Joseph Kasa-vubu au rang des héros nationaux.
« Nous gardons tous en mémoire la belle histoire du 30 juin ; celle de nos deux héros, aux tempéraments différents, mais tout aussi déterminés pour la cause de l’indépendance. A cet égard, il me parait juste, 60 ans plus tard, de réconcilier ces deux approches et d’élever Joseph Kasa-vubu, longtemps oublié, au rang largement mérité de Héros National. Dans le même ordre d’idée, je viens de signer l’ordonnance portant nomination du Maire et du Maire adjoint de Lumumba ville, dans la province du Sankuru, rendant celle-ci effective et opérationnelle ».

Le Président de la République n’a pas manqué d’indiquer que nos pères ont fait le choix de l’indépendance, de la dignité et de la solidarité nationale, tout en étant conscients du risque encouru par le pays quant à son devenir économique et social, faute d’une préparation adéquate de la jeune nation.
Selon Félix Antoine Tshisekedi, l’effondrement du socle de confiance intervenu entre les acteurs politiques nationaux dès le lendemain de la proclamation de l’indépendance, est le résultat combiné de l’inexpérience de la jeunesse de la classe politique et du jeu malsain des convoitises extérieures.
«Ce départ raté a conduit notre pays, un pays aux promesses pourtant exceptionnelles, dans une descente aux enfers qui a pu paraitre interminable et qui n’a épargné aucun secteur de la vie nationale », a fait remarquer le chef de l’Etat, avant de poursuivre « Aujourd’hui, 60 années plus tard, le devenir de la Nation est toujours entre les mains d’une classe politique, toutes tendances confondues, qui demeure versatile, et qui peine à arracher la Nation du cercle vicieux de l’instabilité et de la pauvreté ».

Félix Tshisekedi a déploré, tout de même, que 60 ans après, alors que le revenu moyen par habitant était de 1000 dollars américains en 1960, est estimé à 400 dollars américains aujourd’hui, en termes constants ; autrement dit, le congolais moyen a perdu 60 % de sa richesse au cours des 60 dernières années. A en croire, le chef de l’Etat le Congo de Lumumba et Kasavubu est aujourd’hui l’un des pays les plus pauvres du continent, alors qu’il fut l’un des plus riches il y a 60 ans.

La sécurité à l’Est du pays

Parlant de la Sécurité à l’Est du pays,
Le commandant suprême des forces armées de la République Démocratique du Congo, estime qu’à l’Est du pays, aux Nord et Sud-Kivu, les groupes armés locaux et étrangers ont subi, ces derniers mois , une forte pression et ont enregistré des lourdes pertes. Plusieurs combattants issus de leurs rangs ont été soit capturés, démobilisés, arrêtés, ou rapatriés dans leurs pays d’origine.

Il a précisé que les ADF sont à ce jour nettement affaiblies et délogées de tous leurs sanctuaires dans le territoire de Beni. L’armée réussit à déjouer plusieurs attaques terroristes de cette force du mal qui, de manière très isolée, mènent des attaques ciblées contre les populations civiles. «Je salue les efforts de nos officiers et nos troupes sur le terrain et ma détermination d’en finir reste vive », a-t-il dit.

« En Ituri, la FRPI est engagée dans le processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion en cours de mise en œuvre. Ceci après la signature d’un accord de paix avec le Gouvernement. Dans l’ensemble, des mesures non militaires sont davantage requises pour une meilleure mobilisation des communautés locales dans la lutte contre les forces négatives », a poursuivi le chef de l’Etat.

Le Président de la République a aussi profité de son adresse, pour réitérer son appel à tous les autres groupes armés afin de déposer les armes et de choisir la voie de la paix, sous peine de s’exposer aux actions coercitives de l’armée et à des poursuites judiciaires. Par ailleurs, il condamne fermement les massacres des populations par des miliciens en Ituri, aux Nord et Sud-Kivu. Tout en exprimant sa compassion aux familles durement touchées par cette barbarie ignoble, « je les assure que ceci ne restera pas impuni ».

La justice et l’instauration de l’État de droit

Pour Félix Antoine Tshisekedi, l’État de droit est en marche en République Démocratique du Congo. Pour ce faire, le citoyen congolais a retrouvé la pleine jouissance de ses libertés fondamentales : de manifester, de résider dans son pays, de ne pas être arrêté pour des raisons politiques.

A en croire le Président de la République, la Justice a trouvé petit à petit son indépendance et les avancées significatives au prix de sacrifices du sang.

« La Justice recouvre peu à peu son indépendance. Les avancées enregistrées l’ont été au prix de sacrifices extrêmes. Elles ne peuvent être annihilées par des manœuvres d’arrière-garde qui s’observent chez certains de vouloir légiférer pour déposséder le Conseil Supérieur de la Magistrature du pouvoir judiciaire qu’il détient pourtant par la Constitution ». a souligné Félix Antoine Tshisekedi.

Le magistrat suprême a fait savoir que la justice est pour un Etat de droit ce que le sang est pour le corps humain. Il estime que les réformes dans ce secteur doivent être dictées, non pas par le souci de s’assurer une protection d’une personne ou d’un groupe de personnes, mais plutôt par le souci d’apporter plus d’efficacité et d’efficience au fonctionnement de la justice.

« En considération de ces éléments, je n’accepterai sous aucun prétexte des réformes dans ce secteur qui, par leur nature et contenu, viendraient porter atteinte à des principes fondamentaux régissant la justice tels que prévus dans notre Constitution, notamment l’indépendance du pouvoir judiciaire du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif, le pouvoir régalien de nomination des magistrats, la gestion du pouvoir judiciaire confiée au Conseil supérieur de la Magistrature et bien d’autres »

Concernant le procès 100 jours, le chef de l’Etat souhaite que l’expérience douloureuse vécue en rapport avec le Programme de 100 jours, tourne définitivement la page de la longue série des projets et programmes qui, à travers l’histoire, ont donné lieu à d’importants coulages des ressources publiques en toute impunité.
« Je pense notamment au Projet de Bukangalonzo, aux multiples cessions d’actifs miniers, aux projets de construction d’infrastructures routières, aéroportuaires et j’en passe. Le défi du Congo, le défi du peuple congolais, c’est de sortir de la répétition pour s’inventer un destin. A tout prix, nous devons y parvenir et nous allons y arriver » poursuivant, « J’ai également pris l’engagement de mettre un terme à l’impunité, pour donner un sens à la lutte contre la corruption et les antivaleurs, car celles-ci sont à la base de presque tous les maux dans les différents secteurs de la vie nationale ».

A cet effet, Félix Antoine Tshisekedi a appelé le gouvernement de la République à engager des réformes sur l’ensemble de la chaine de dépense, afin que les ressources publiques soient désormais mieux préservées et mieux utilisées.

L’effectivité de la gratuité de l’enseignement de base

Sur l’effectivité de la gratuité de l’enseignement de base
« Je m’étais également engagé à rendre l’enseignement de base obligatoire et gratuit pour tous. A ce jour, fréquenter l’école est devenue une réalité pour nos enfants, quelle que soit leur condition sociale », a confirmé Félix Tshisekedi.
Selon le Président de la République, jusqu’à la rentrée scolaire de 2019, la RDC était l’un des derniers au monde où l’école primaire était encore payante. Les parents finançaient les 2/3 des coûts de scolarité et 4 millions d’enfants n’étaient pas scolarisés en 2018, parce que les parents devaient choisir entre les nourrir ou les faire étudier.
« Depuis que nous avons lancé cette grande réforme pour la gratuité, 2,5 millions d’enfants supplémentaires ont pu retrouver le chemin de l’école. Cependant, cet engouement salutaire met en exergue deux autres défis importants que nous devons relever ; celui des infrastructures d’accueil et celui de la qualité de l’enseignement. Quelles qu’en soient les difficultés, nous sommes sur la bonne voie et nous restons déterminés. Nous pouvons nous réjouir de bénéficier du concours sans précédent de la solidarité internationale pour la prise en charge de cette réforme dont le coût est supérieur à 1 milliard de dollars par an », a-t-il indiqué.

Le Président de la République pense qu’il faudra davantage mobiliser les ressources internes à travers l’impôt, pour soutenir à long terme l’éducation des enfants congolais. Il s’agit d’une responsabilité collective et prioritaire, qui doit interpeller chaque citoyen.

Le secteur de la santé

Le Chef de l’Etat a fait savoir que la pandémie du coronavirus a , une fois de plus, rappelé à quel point nous étions dépendants de l’extérieur et combien pouvions nous être vulnérables à cause d’un système de santé déficient.
Le Président de la République a souligné que pour atténuer les impacts immédiats de la covid-19 en RDC, il a immédiatement engagé le gouvernement à prendre des mesures pour assurer la prise en charge sanitaire des personnes affectées par la pandémie, ainsi que pour garantir la continuité de l’approvisionnement du pays en denrées des premières nécessités. L’ensemble de ces dispositions ont permis de réduire très sensiblement le taux de létalité de la pandémie au pays.

« Celui-ci est passé de 10 % de décès dans les premiers jours à moins de 2,5 % actuellement. Au niveau économique, la pandémie nous a rappelé l’excessive dépendance du pays vis-à-vis de l’extérieur. Ainsi, quelques grands projets agricoles ont été initiés, pour renforcer notre autosuffisance alimentaire. Trente-trois mille hectares à travers le pays ont été affectés aux cultures vivrières et commencent à produire leurs premiers résultats, dont 3000 tonnes de riz à Kimpese, 4000 tonnes de paddy à Nkuni. Nous attendons de récolter et transformer bientôt le manioc planté sur 800 hectares à Wangata », a expliqué Félix Tshisekedi.

Dans l’optique de consolider cet élan sur les plans sanitaire et économique, Félix Antoine Tshisekedi a lancé le 18 juin dernier un programme multisectoriel d’urgence dont le coût est estimé à 2,6 milliards de dollars américains.
« A 60 ans, on n’a plus d’excuses : à 60 ans, on ne commet plus les mêmes erreurs ; à 60 ans, on ne sort plus des discours creux et répétitifs et on prêche la sagesse et la droiture par l’exemple ; à 60 ans, on pense à l’héritage et aux valeurs à léguer aux générations futures. Il est temps que nos ambitions personnelles viennent en dernier lieu et que les ambitions de notre pays soient notre priorité », c’est sur ces mots que le Président de la République a conclu son discours.

Landry Kamango

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