La normalisation des pratiques journalistiques préoccupe à plus haut-niveau de la pyramide institutionnelle de la République Démocratique du Congo. Le Président Félix Tshisekedi a donné le ton, le 3 mai 2023, lors de la cérémonie de célébration de la journée de la liberté de la presse, au Fleuve Congo Hôtel de Kinshasa.
« 27 ans après la dernière modification, cette nouvelle loi charnière, qui régit notre presse, vient poser les fondamentaux du retour à la norme de la pratique professionnelle et de la nécessité d’adaptation technologique qu’impose la révolution numérique », avait déclaré Félix Tshisekedi, le 3 mai dernier.
Un discours qui met en alerte le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication, le régulateur, tout en désignant d’où pourrait venir le mal. « La révolution numérique », Félix Tshisekedi l’a dit.
Il est important de signaler que, dans la droite ligne de la vision du Chef de L’Etat et dans le souci de préserver la cohésion nationale, le bureau du CSAC a tenu une réunion avec le numéro Un des opérateurs des réseaux sociaux, Meta LTD (Facebook), propriétaire de whatsapp et instagram, deux applications très consommées en République Démocratique du Congo.
Sous la présidence de Christian Bosembe, Président du CSAC, la salle du monitoring de cette institution d’appui à la démocratie, avait servi de cadre de travail pour les responsables Afrique de Meta Ltd, Mme Balkissa Ide Sido, Directrice Public Policy Africa et Mr Thys Kazad, Public Policy Francophone Africa, en présence de Serge Ndjibu, Rapporteur adjoint du CSAC, de Luyeye Kundomba, Questeur et du Coordonnateur en charge de la normalisation.
Christian Bosembe a présenté l’indignation de son bureau face à la conception de Meta LTD (Facebook) et des autres opérateurs technologiques, de la Silicon valley, de voir l’Afrique comme une région à la place de considérer le poids de Chaque pays et surtout de la RDC, 100 millions d’habitants, 9 frontières au cœur de l’Afrique. Le Président du CSAC a souligné le fait que son institution était dépositaire de la démocratie congolaise et qu’elle a pour mission de faire que ni la parole ni les écris ne blessent personne en RDC. Il a rappelé le fait que la RDC était plus ouverte sur les libertés que ses voisins, et que les réseaux sociaux, qui prennent la place des médias traditionnels dans la diffusion de la pensée, devraient éviter de suivre l’exemple de la radio mille collines de triste mémoire au Rwanda, à cause des contenus dangereux.
Pour la RDC, un pays avec 400 tribus, quand le Rwanda, deux tribus, a vécu un génocide, Christian Bosembe a émis le vœu de voir les réseaux comme « Meta » rapprocher les gens plutôt que d’être une plateforme qui donne une permission générale aux attaques individuelles.
Pour Mme Balkissa Ide Sido, l’indignation légitime du Président du CSAC, sur la non prise en compte par Meta Ltd des poids d’un pays comme la RDC, relève d’une insuffisance de communication. Elle a rappelé que Meta a procédé à d’importants investissements en RDC dans le cadre de la réduction de la fracture numérique avec la construction du backbone national. Mme Balkissa Ide Sido a révélé que contrairement aux autres opérateurs du secteur, Meta a un important déploiement sur l’Afrique avec 14 personnes, dont deux venant de la RDC.
Lors de ces mêmes échanges, le haut conseiller Luyeye Kundomba Haddou, a émis le vœu de voir Meta LTD élaboré une cartographie des pages extrémistes pour une meilleure intervention.
« La réduction de la fracture numérique impose une responsabilité aux parties prenantes afin d’éviter qu’internet soit coupé comme dans le passé, au nom de la paix et de la sécurité des citoyens », avait souligné Mandack Katako, expert numérique invité à participer à cette réunion. Ce dernier a appelé Meta LTD, au renforcement de ses liens de collaboration avec le CSAC, l’une des institutions les plus stables du pays avec un mandat de 4 ans et qui a la charge de réguler les contenus, pour une meilleure conjugaison d’efforts dans l’assainissement de l’espace numérique congolais.
Dans les résolutions, le rapporteur adjoint du CSAC, Serge Ndjibu a appelé à la création d’un Fact-Cheker national, en souhaitant sous le leadership du Président du CSAC, un accompagnement de Meta LTD pour un renforcement des capacités du service « alerte numérique ». Serge Ndjibu a insisté également sur la conjugaison des efforts CSAC-META dans l’organisation en RDC des campagnes de communication et d’éducation numérique.
Ruth Ngwanza