Union sacrée de la Nation, gestion de la RVA : Les vérités d’Odette BABANDOA

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Au cours d’une interview accordée à l’hebdomadaire Les Défis-Congolais, la Présidente Nationale du parti politique Union des Patriotes Républicains (UPR), Odette Babandoa a salué les adhésions massives au sein de l’union sacrée de la nation initiée par Son Excellence Monsieur le Président de la République, tout en affirmant que cette dernière n’est pas une blanchisserie mais une mobilisation autour du leadership visionnaire du Président de la République, Félix Tshisekedi, le « Peuple d’abord ». À en croire cette alliée du parti présidentiel, l’union sacrée réussira si ceux qui y adhèrent viennent par amour de la patrie et de l’élan de sursaut patriotique suscité par l’appel du chef de l’Etat pour reconstruire la RDC.

Au journal « Les Défis-Congolais », elle se confie.

LDC : Le Président de la République est pour l’union sacrée de la Nation et vous avez été consultée par lui. Pensez-vous que cette union sacrée apportera un réel changement à la République Démocratique du Congo ?


OB : Le changement en République Démocratique du Congo est d’abord un état d’esprit, un changement de comportement, des mentalités, une vision, une nouvelle façon de gérer la République et ce changement ne peut être incarné que par un leader qui en est le visionnaire et qui en tient la barque pour un résultat dans le sens de son entendement. Au vue de la gestion politique de la République, qu’incarnait la coalition FCC-CACH, je crois que la meilleure orientation est celle que le Chef de l’Etat vient de prendre afin de donner un sens à sa vision, celle du Peuple d’abord, ainsi satisfaire aux besoins du peuple congolais. Avec l’Union Sacrée de la Nation, le Chef de l’Etat en tant que leader et guide, s’il arrive à s’entourer d’une majorité qui lui est favorable et qui adhère à sa vision, c’est à dire à son ambition de rétablir l’Etat de droit par la lutte contre les antivaleurs, par la gestion rationnelle et ordonnée de nos ressources, par la lutte contre le clientélisme et le tribalisme, par une mobilisation de nos ressources pour une redistribution équitable des revenus pour tous les Congolais, en assurant la sécurité et la paix sur l’ensemble de l’étendue de notre Territoire, nous pouvons espérer un changement à la République Démocratique du Congo et un Bilan pour le Chef à la fin de son Ier Quinquennat.


LDC : Cette union sacrée saluée par une frange de la population n’est-elle pas en train de devenir une blanchisserie pour ceux qui ont géré le pays dans le passé et que vous décriez ?


OB : L’union sacrée ne peut pas être une blanchisserie, s’ils viennent par conviction, par patriotisme, s’ils acceptent d’enlever la vielle tunique pour une nouvelle, l’appel du chef de l’Etat n’aura pas été fait en vain. l’USN peut amener un vent nouveau pour le développement du pays. Si certains viennent dans l’union avec la même mentalité que dans le passé ça serait dommage. Le plus important à retenir est que c’est le leader qui incarne une vision et qu’il présente à ses collaborateurs. Je refuse d’imaginer un seul instant que ceux qui ont répondu à l’appel patriotique du chef de l’Etat, l’ont fait en demande d’emploi ou parce que le FCC touche le fond. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, s’ils ne mettent pas en avant l’intérêt du peuple, l’union autour du Président Tshisekedi connaitra le même sort que le FCC autour de son prédécesseur. L’avènement de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême a suscité un tel espoir dans la population qui exige à tous ceux qui viennent autour de lui des résultats. Autour du Chef il n’y a qu’un seul chemin, l’adhésion à la vision du peuple d’abord qu’il incarne. Il est temps que les leaders congolais par éveil de conscience patriotique, dans l’abnégation, acceptent de travailler pour leur pays et pour leur peuple. Et si tout le monde qui adhère à l’union sacrée comprend que la RDC a déjà beaucoup des problèmes et le peuple congolais a suffisamment souffert, le moment est venu de faire un arrêt et de voir comment projeter l’avenir avec une vision nouvelle, le patriotisme, le désir de travailler pour l’intérêt supérieur de la nation, l’union sacrée peut réussir. Mais, si on vient en disant que moi je ne peux jamais supporter l’opposition, nous craignons de retourner à la case « départ ».

LDC : Plusieurs personnalités politiques quittent le FCC pour adhérer à l’Union Sacrée. Ne Pensez-vous pas que le Président risquerait de travailler encore avec les personnes qui ont bloquées ses actions dans la coalition FCC-CACH ?


OB : Ils sont congolais. À travers les actes de certains membres du gouvernement de coalition FCC-CACH, nous avons eu l’impression d’avoir une gestion bicéphale de l’Etat, conduite par deux autorités morales, du Front Commun pour le Congo (FCC) et du Cap pour le Changement (CACH), c’était comme si on suivait les instructions de deux leaders à la fois. Un navire ne peut naviguer correctement avec deux commandes. L’idée dans l’union sacrée est la matérialisation de la vision du peuple d’abord, celle d’un commandant en chef, Félix Tshisekedi, le seul dans les institutions qui a eu la RDC comme circonscription électorale. Il n’y aura qu’un seul commandant à bord et c’est lui qui donne l’orientation à laquelle tous ceux qui acceptent d’embarquer doivent se conformer et y adhérer. C’est le dernier virage et sans un gouvernement de coalition, l’échec ou la réussite incombera au Président Tshisekedi, il n’aura donc pas d’excuses. C’est au Président de savoir faire le choix des femmes et des hommes qui vont l’accompagner pour la réalisation de son ambition, car un bon Chef ou un bon leader n’est pas celui qui connait tout mais bien celui qui a un rêve et qui sait s’entourer de bonnes personnes capables de l’aider à concrétiser cela. On ne doit pas prendre les mêmes avec leurs tares et continuer seulement parce qu’ils ont une représentation au parlement dans les conditions que nous connaissons. Dans ces conditions il n’y aura pas beaucoup à espérer, car la renaissance du Congo dans le cadre de l’Union Sacrée pour la Nation ne peut voir le jour qu’avec une classe des politiciens capables de se transformer par des vertus pour le bien de la communauté, des politiciens qui intériorisent en eux les règles strictes de civisme, et de morale, qui ont un désir constant de donner le meilleur d’eux même pour le bien et le bonheur du Congo et des Congolais. Par cette vision de l’Union Sacrée pour la Nation, le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo sait que son combat principal est d’abord le rétablissement de l’Etat de droit, et il ne peut y arriver sans une mobilisation adéquate des ressources de l’Etat pour garantir au pays une bonne armée pour sa sécurité, une bonne administration de la justice pour lutter contre les antivaleurs, une fonction publique répondant aux besoins du développement, la gratuité de l’enseignement, l’accès gratuit aux soins de santé primaire. Et ceci impose au Chef de l’Etat le besoin d’identifier comme gestionnaires politiques de son combat, les personnes qui, une fois abandonnées dans un désert, sur une terre aride, sont en mesure de transformer ce désert en jardin avec des ressources pour combler les besoins de son peuple. Nous tombons des fois de nu quand nous suivons des discours de certains hommes d’Etat qualifiant le pouvoir de gâteau à partager et d’autres traitant l’une ou l’autre Entreprise publique de juteux ou de canards boiteux ; le cas de ce procès du DG de la RVA en détention qui passe ce dernier temps à la Télé, ce DG se permet de qualifier la Régie des Voies Aériennes, RVA S.A., avec tous ce qu’elle a comme taxes et sources des revenus, d’une entreprise canard boiteux qui ne peut survivre sans une subvention de l’Etat, il y a à craindre, si le Président dans l’Union Sacrée pour la Nation, doit travailler avec des personnes ayant ces genres de raisonnement.


LDC : C’est ce qui explique le TWIT posté par vous, Excellence Madame la Ministre honoraire, dernièrement en tant qu’ancienne Ministre des Transports et Voies des Communications, rejetant en bloc les allégations de Monsieur Bilenge Abdallah DG de la RVA condamné à 20 ans de prison, selon lesquelles la RVA S.A serait une entreprise canard boiteux qui ne peut survivre sans subvention de l’Etat ?


OB : Effectivement, la Régie des Voies Aériennes avec tout ce qu’elle a comme taxes et sources des revenues ne peut en aucun cas être versée dans la corbeille dite des « canards boiteux » du Portefeuille de l’État congolais. J’ai été estomaquée de suivre, dans le procès opposant le Ministère Public au Directeur Général de la RVA sur le détournement des fonds destinés au paiement des contributions des agents à la Caisse Nationale de sécurité Sociale CNSS et de l’impôt sur les revenus à verser à la DGI, le DG qui soutient sans ambages, avec sa dernière énergie devant les juges que l’entreprise qu’il dirige, la RVA ne peut d’elle-même soutenir son fonctionnement sans une subvention de l’Etat, selon sa déclaration, cette Entreprise serait même au bord de la faillite c’est-à-dire en cessation de paiement. Choquée par cette déclaration de ce DG, je voudrai quand même saisir l’occasion de cette interview que m’offre votre organe Les Défis-congolais, entant qu’ancienne ministre des transports et voies des communications pour parler un peu plus largement des ressources de la RVA.


Le Ministère des Transports et voies de communication à mon époque avait sous sa tutelle technique 13 entreprises ; après ma nomination je voulais m’imprégner de la situation réelle de ces Entreprises ainsi j’avais décidé de faire un état des lieux, un chek-up de chacune d’elles pour identifier leurs problèmes et les ressources qu’on pouvait mobiliser afin de projeter des voies des sorties. La RVA fait partie de ces entreprises, à mon arrivée cette dernière dans ses ressources avait en tout comme recettes mensuelles 3.600.000 USD, dont 1.250.000USD venaient des recettes de survol ou recettes de route qui étaient collectées pour le compte de la RVA par l’Association Internationale des Transporteurs Aériens IATA basée à Genève, et ces recettes couvraient les besoins du fonctionnement de l’Entreprise sur l’ensemble de l’étendue de la République contrairement à ce qu’affirme le DG aujourd’hui que chaque aéroport ou aérodrome doit seul se prendre en charge. Après mon intervention à l’OACI (Organisation Internationale de l’Aviation Civile) à Montréal où j’étais partie répondre à la convocation de cet organisme, que j’avais trouvé au cabinet et qui voulait frapper d’embargo l’espace aérien de la République Démocratique du Congo qu’il qualifiait d’un vaste trou noir qui exposant à l’insécurité les aéronefs à la navigation aérienne ; à l’issue de ce voyage de Montréal, avec l’appui du gouvernement Canadien nous avions réussi à faire un montage financier qui avait permis à la RVA d’obtenir un prêt, qui devait être remboursé par les fonds collectés par l’IATA, pour la modernisation des équipements d’aide à la navigation aérienne et de télécommunication. Ainsi avec cette modernisation des équipements d’aide à la navigation aérienne, les recettes de survol de l’espace aérien Congolais appelées aussi recettes de route qui n’étaient collectées jusque-là qu’à hauteur de 15 %, cette collecte par l’IATA est passée à 90% donc de 1.250.000USD/mois à 7.500.000USD/mois, et à ce moment notre pays n’avait pas autant des fréquentations des compagnies de ligne qu’aujourd’hui ; à titre d’exemple d’illustration SABENA devenue SN Air line n’effectuait que deux vols/semaine est passée à cinq vols la semaine jusqu’à l’apparition de covid 19, Air France est passée de 2 à 5 vols/semaine, Turkish Air line qui n’était pas là , a autant des vols la semaine, Kenya Air line, Éthiopian Air line, SAA, toutes ces grandes compagnies sont passées de 2 à 5 vols/semaines, sans compter d’autres compagnies aériennes Africaines qui sont là depuis un temps ASKY, Air Ivoire, Gabon Air line, Rwandair …
En dehors des recettes de survol, suivant la mercuriale des recettes établies en 1991 par le Général KIKUNDA alors PDG et qui est en vigueur à ce jour, la RVA a aussi plusieurs autres entrées en recettes telle que :

  • La taxe d’atterrissage qui est calculée selon le poids maximum de l’aéronef au décollage. Ainsi donc, la taxe applicable aux aéronefs, de zéro à 25 tonnes est de 1,6 dollars américain la tonne. De 26 à 75 tonnes, la RVA fait payer 3,2 dollars américains la tonne. Un aéroport de la catégorie de N’Djili, qui reçoit chaque jour de gros porteurs pesant au-delà de 300 tonnes cas des Airbus A320 ou Boeing 747 fait entrer dans les caisses de cette société des sommes inestimables;
  • De la taxe de balisage lumineux exigée aux aéronefs lors des atterrissages et décollages nocturnes mais aussi quelques fois diurnes en cas de mauvais temps, un balisage simple revient à 249 dollars américains. Le balisage de catégorie I est facturé 260 dollars américains et celui de catégorie II 300 dollars américains;
  • De la taxe de stationnement selon les directives de l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale), tout aéronef est assujetti à la taxe de stationnement sur une aire de trafic, dans un hangar de maintenance, un hangar technique ou une zone d’entretien. Elle est calculée par heure et par tonnage. Elle s’élève à 0,2 dollar américain par heure et par tonne sur le tarmac et à 0,12 dollar américain par heure et par tonnage dans la zone d’entretien. Cette taxe est payée mensuellement par les compagnies aériennes agréées par la RVA. Les aéronefs appartenant à des firmes non agréées par la RVA sont tenus de la libérer avant le décollage. Mais tout paiement trimestriel ou annuel est soumis à la signature préalable d’un contrat ou d’une convention avec la Régie des Voies Aériennes;
  • De la taxe d’embarquement hormis le « Go pass » de 50usd/passager international et 20usd/passager à l’intérieur, qui est une taxe spéciale instaurée par la RVA depuis 2007 et qui génère des recettes incommensurables au vu de nombre impressionnant des passagers qui fréquentent annuellement nos aéroports, il existe une autre taxe, classique et traditionnelle, que les compagnies aériennes intègrent d’office dans les titres de voyage, au profit de la même RVA. Le versement des fonds s’effectue au quotidien. Tout paiement non quotidien doit faire l’objet d’un contrat. Le taux applicable est de 6 dollars américains par passager âgé de 0 à 12 ans (bébé ou enfant compris) et de 8 dollars américains par passager âgé de 12 ans et plus. Mais il y a beaucoup des tricheries qui interviennent à ce niveau qui exigent le suivi et la vigilance des gestionnaires de l’Entreprise ; une fois une mission de contrôle que j’avais dépêchée à l’aéroport de Ndjili avait réussie à dénicher des supercheries où des compagnies d’aviations présentaient les manifestes des passagers avec un nombre inférieur par rapport aux passagers effectivement transportés, le cas d’une compagnie dont je tais le nom qui avait déclaré avoir embarquer 8 passagers alors qu’en réalité elle en avait embarqué 32;
  • De la taxe de l’occupation des immeubles et terrains, les taux d’occupation des immeubles et terrains varient selon la nature des surfaces mises à disposition et les réalités du secteur locatif local. L’exploitation d’un bar ou d’un restaurant…dans les installations d’un aéroport international est taxée à 380 dollars américains par mois ; dans un aéroport national de première classe à 253 dollars américains par mois ; dans un aéroport national de 2me classe à 190 dollars américains par mois ; et dans un aérodrome à 125 dollars américains par mois. Et ici aussi se sont de belles sœurs ou amies des DG ou Commandants des aéroports qui en font la fête. Le loyer mensuel pour un bureau dans un aéroport international revient à 4 dollars américains pour un mètre carré ; pour un entrepôt à 2 dollars américains le mètre carré ; pour un hangar à 1,5 dollars américains le mètre carré ; pour une boutique sous-douane à 237 dollars américains le mois et une boutique en zone publique à 164 dollars américains le mois;
  • Taxe d’accès aux zones réservées tel que parkings payant taxé par heure, pour les taxis comme pour les véhicules des particuliers. S’agissant des agents (personnel technique, agents comptoirs, hôtesses d’accueil) des compagnies aériennes nationales, ils sont tenus d’acquérir à 11 dollars un badge valide pour une année. Ceux des compagnies aériennes internationales sont appelés à débourser 50 dollars pour un badge valable pour la même périodicité.Les chargés de protocole des sociétés privées et paraétatiques, des institutions publiques et des ambassades paient 102 dollars américains pour un laissez-passer valable pour une année. Avec toutes ces recettes la RVA ne peut pas être traiter de « canard boiteux » par son gestionnaire à moins que ce soit la gestion elle-même qui est boiteuse, et de toutes les façons les institutions ne valent que ce que valent ceux qui les animent. Les gestionnaires avant d’être des techniciens professionnels on doit exiger d’eux le patriotisme, l’amour de son pays et l’amour de ce qu’il fait comme travail;

Beaucoup d’Entreprises souffrent de manque d’attachement de ceux qui les gèrent, quand un DG ou la direction juridique de l’entreprise dans un procès fourni à la partie adverse des éléments pour faire condamner la société dont il est gestionnaire, pour un simple goulot tout un engin peut être déclassé avec la complicité de la direction technique. C’est le changement de la mentalité, l’amour de la patrie dont on a besoin pour qu’il y ait la Renaissance du Congo et la réussite de l’Union Sacrée pour la Nation que le Président et son peuple sont en train de créer.

Propos recueillis par Landry Kamango

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