Bemba Jean-Pierre, Kamerhe Vital, deux parcours politiques en dents de scie qui n’ont jamais fait perdre, à l’un comme à l’autre, leurs encrages populaires.
Après plus de onze ans d’absence, dont dix passés en prison, l’ex-vice-président et opposant à Joseph Kabila, Jean-Pierre Bemba est revenu en Aout 2018 à Kinshasa où l’attendaient des dizaines des milliers des partisans. Acquitté par la CPI, le Chairman du MLC était rentré en RDC pour déposer sa candidature à l’élection présidentielle de Décembre 2018. Son retour s’est fait dans un climat tendu avec le refus d’organisation des manifestations, imposé par les autorités de la ville. Acquitté de l’accusation de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, Jean-Pierre Bemba le savait, sa popularité était plus forte que les années passées sous les verrous de la Haye.
Pour des milliers des kinois sortis sur son itinéraire de Kinshasa, il était l’alternatif à Joseph Kabila. Bien que revenu triomphalement à Kinsahasa, la candidature de Jean-Pierre Bemba sera rejetée en raison de sa condamnation par la Cour Pénale Internationale pour subornation de témoins.
Le parcours Bemba rappelle un autre parcours politique en dents de scie, celui de Vital Kamerhe, dans la gloire du Président Kabila, il tombe en disgrâce avant de rejoindre l’opposition, rebondit avec Félix Tshisekedi, successeur de Joseph Kabila comme puissant Directeur de Cabinet. Le procès sur l’affaire 100 jours ramène le Président de l’UNC à la case départ en passant par la prison où il évite de justesse une condamnation à 20 ans de prison ferme. Kamerhe est hué dans les rues de Kinshasa, dans la perception de l’opinion, les détournements 100 jours c’est lui, le retard dans l’exécution des travaux c’est lui. Acquitté par la justice, Kamerhe le tribun fait profil bas à la manière de Jean pierre Bemba, il ne commente ni se prononce sur les questions brulantes qui font l’actualité de la RDC.
Retour par la porte du Gouvernement, choix stratégique ?
Pour plusieurs observateurs de la scène politique de la RDC, le choix Tshisekedi d’intégrer Jean pierre Bemba et Vital Kamerhe dans le gouvernement est autant stratégique pour lui qui a besoin d’un bilan, que pour ces deux alliés, ambitieux, qui ont besoin de se refaire une cure de beauté politique. Le Ministère de la défense nationale place Jean-Pierre Bemba, l’homme d’affaires qui avait tronqué en 1998 par la création du mouvement de libération du Congo et l’armée de libération du Congo, branche armée, son costume cravate pour un treillis militaire, au cœur de l’enfer congolais, le bourbier dans l’Est de la RDC.
Jean pierre Bemba connait le terrain et les acteurs, il a fait la guerre qui a contraint les Kabila à se mettre sur la table des négociations. Se présenter en Chef militaire devant la troupe, Jean-Pierre Bemba sait le faire et son livre liberté retrace son parcours de commandant militaire aussi bien sur le front de l’Equateur qu’en centre Afrique où il a sauvé le pouvoir de Ange-Félix Patassé, Président élu. Rester longtemps à la touche, le fils de l’ancien patron des patrons congolais, Jeannot Bemba a là, sur un plateau, l’opportunité de démontrer à l’opinion, que la prison n’avait pas entamé son patriotisme.
Aux mêmes maux, les mêmes remèdes, vital Kamerhe nommé vice-premier ministre et ministre de l’économie nationale a une passe en or de son allié, le Président Félix Tshisekedi pour rétablir son image en relançant l’économie titillant d’un pays en guerre. « C’est un secret de polichinelle, que Bemba comme Kamerhe n’ont jamais tourné les pages de leurs ambitions présidentielles. La situation actuelle leur exige du résultat pour se relancer d’ici décembre 2023 ou se positionner en dauphins potentiels de Félix Tshisekedi en 2028. Il fallait un sens élevé de patriotisme et le besoin du résultat au Président Tshisekedi, pour faire ces passes en or aux adversaires potentiels » , affirme à notre rédaction un analyste politique.
Ruth Ngwanza